Le Conseil central du Montréal métropolitain-CSN a suivi, avec beaucoup d’attention, l’assermentation des nouveaux députés, ainsi que la formation du cabinet des ministres. Lors de son discours, le nouveau Premier ministre, François Legault, a affirmé vouloir représenter le gouvernement de toutes les québécoises et tous les québécois. «Nous le prendrons au mot» a réagi la présidente Dominique Daigneault. « Pendant la campagne électorale, la CAQ avait décliné notre invitation à participer à une soirée sur les élections réunissant plusieurs candidats des différents partis en élection. Ce qui avait déçu nos membres. Aujourd’hui, le nouveau Premier ministre annonce que son gouvernement sera celui de toutes les citoyennes et tous les citoyens, sans distinction à leur allégeance politique. Nous nous assurerons qu’il tienne sa promesse et qu’il entende la voix des travailleuses et travailleurs que nous représentons » a-t-elle ajouté.
Le gouvernement aura à faire ses preuves. Certaines de ses premières décisions soulèvent déjà quelques préoccupations. Parmi celles-ci, figure la place qu’occuperont les enjeux de la région de Montréal. En effet, la nomination de Chantal Rouleau comme simple ministre déléguée aux transports est décevante, puisque la voix des montréalaises et montréalais ne sera pas portée directement au conseil des ministres.
En matière économique, nous souhaitons que le trio composé des financiers Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie, Éric Girard, aux finances et Christian Dubé, Conseil du trésor, sache donner une nouvelle direction au développement économique. Le gouvernement doit se mettre au travail pour planifier rapidement une transition de l’économie ayant pour objectif de se départir des énergies fossiles. Tout en considérant les préoccupations des citoyennes et des citoyens et en mettant à contribution les syndicats. Si le gouvernement s’engage dans un tel virage, il pourra compter sur notre collaboration.
L’éducation sera une priorité du gouvernement, selon les premières annonces de François Legault. Le nouveau ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, devra tenir la promesse de son parti de collaborer avec les syndicats pour établir ses politiques, et ce, à tous les niveaux, à partir de la petite enfance jusqu’à l’université. Le ministre devra prendre en considération les défis particuliers de l’école montréalaise ainsi que ceux de l’enseignement supérieur dans la métropole.
En santé, la nouvelle ministre de la Santé et des Services sociaux doit se démarquer de son prédécesseur. Elle doit faire preuve d’ouverture et d’écoute pour rétablir les ponts avec les syndicats et retrouver la confiance de la population. Elle doit également s’attaquer aux dommages faits au réseau, en le renforçant dans toutes ses missions, pour offrir des services de qualité à la population et donner un répit aux travailleuses et aux travailleurs, peu importe leur métier ou leur profession.
Nous nous permettons de mettre en garde le nouveau ministre de l’Immigration, Simon Jolin-Barrette, qui aura également la responsabilité du projet de loi sur le port des signes religieux, pour qu’il évite les amalgames entre laïcité et intégration des personnes immigrantes. La Commission Taylor-Bouchard a jeté les premiers jalons d’un consensus social et a eu le mérite de bien distinguer les défis d’accueil et d’intégration de la question de la laïcité. Avant qu’il présente son projet de loi sur les signes religieux, nous invitons le gouvernement à rétablir le dialogue social afin d’éviter les clivages dans la population.
Nous saluons la parité hommes-femmes du Conseil des ministres. Cependant, le cumul des fonctions de Sonia Lebel à titre de ministre de la Justice et de ministre responsable des Relations canadiennes et de la Francophonie canadienne lui laissera fort peu de temps pour s’occuper de sa responsabilité à la condition féminine.
Enfin, ce gouvernement devra être à l’écoute des peuples autochtones. À l’heure actuelle, une crise sévit au Nunavik suite à une grave vague de suicides chez les Inuit. Le gouvernement doit s’attarder à ce problème de toute urgence. Les autorités du Nunavik ont invité tous les acteurs gouvernementaux à se réunir. Nous souhaitons qu’il réponde à l’appel sans hésitation.
Enfin, ce gouvernement doit tourner le dos aux politiques d’austérité de ses prédécesseurs, s’il a à cœur l’intérêt de la population.